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Groupe de personnes qui participe à une analyse des pratiques en EHPAD

Les Spécificités de l’Analyse des Pratiques en EHPAD

L’analyse des pratiques est un outil qui permet aux professionnels de se réunir pour trouver des solutions aux situations problématiques qu’ils peuvent rencontrer dans leur métier. Les intervenants du secteur social et médico-social, notamment ceux travaillant en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont particulièrement touchés par ces difficultés, qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur leur qualité de vie au travail. Ils doivent prodiguer des soins importants tout en accordant une large place à l’aspect relationnel pour rassurer des personnes âgées dépendantes. Le groupe d’analyse de la pratique est donc un outil à ne pas négliger chez les professionnels travaillant dans le secteur de la gérontologie. Voyons quelle est la situation dans les EHPAD et comment l’analyse des pratiques professionnelles peut fonctionner dans ces institutions.

Les EHPAD doivent être sensibilisés à l’analyse des pratiques professionnelles

Les professionnels travaillant dans les EHPAD doivent effectuer beaucoup d’accompagnements et de soins, ce qui laisse très peu de temps aux échanges communs, à l’analyse des pratiques. Cela nuit fortement à la cohésion d’équipe, car les soignants n’ont plus le temps de parler des problèmes qu’ils rencontrent au quotidien et de chercher collectivement des solutions. 

Cette situation s’est exacerbée avec l’arrivée du Covid-19. Il y a de plus en plus de résidents dans les Ehpad et les pathologies sont toujours plus variées (troubles psychiques, par exemple), ce qui fait que les soins à apporter sont plus importants et difficiles. Les soignants manquent parfois de connaissances pour prendre en charge correctement ces différentes pathologies. Cette situation impacte fortement l’aspect relationnel. Le personnel ressent une forte lassitude, se sent isolé, et il y a une perte de sens au travail.

L’analyse des pratiques professionnelles en EHPAD est donc encore trop peu utilisée alors qu’elle comporte de nombreux bienfaits.

Pour que l’analyse de la pratique soit plus présente dans le secteur de la gérontologie, il est important de sensibiliser les directions au fait que cet outil n’a pas pour objectif de pointer du doigt les façons de faire, mais d’aider les professionnels à gérer des situations difficiles, d’échanger sur les compétences de chacun, de perfectionner leur pratique pour que les résidents soient mieux accompagnés. Il faut donc expliquer en quoi elle consiste pour créer un climat de confiance et que chacun s’implique dans le processus.

En effet, il peut arriver que certains professionnels soient réticents à participer à un groupe d’analyse des pratiques, car ils craignent que leur travail soit remis en question ou qu’ils soient obligés de modifier leurs façons de faire, par exemple. C’est pourquoi ce travail de sensibilisation en amont est important puisqu’il permet de lever cette méfiance ou tout du moins de l’apaiser.

De nombreuses problématiques sont étudiées lors des groupes d’analyse de la pratique ayant lieu en EHPAD

Les professionnels travaillant en EHPAD ont de nombreuses situations complexes à gérer. Voici les problématiques qui ressortent le plus souvent des groupes d’analyse de la pratique : 

  • l’agressivité des résidents :  celle-ci peut être verbale ou physique. Elle peut également être en lien ou non avec une pathologie. Cela va générer du stress chez le soignant, surtout si ces comportements sont répétitifs, car il se retrouve démuni. Il peine alors à adopter l’attitude adéquate face au résident ;
  • le problème de la prise de distance des soignants : les professionnels ont souvent du mal à trouver la juste distance avec le résident qu’ils accompagnent ;
  • le lien avec les familles : ils ont du mal à gérer l’agressivité de certaines familles qui sont inquiètes de ne pas avoir suffisamment d’informations sur l’état de leur proche et l’accompagnement dont il bénéficie, ils manquent de temps pour fournir cette information. Heureusement, parfois, les familles sont très compréhensives, et font preuve de reconnaissance auprès des soignants, ce qui aide ces derniers à déculpabiliser ;
  • les pathologies lourdes de certains résidents : le personnel manque parfois de formations sur le sujet et se retrouve démuni face à certaines situations compliquées ;
  • la gestion de la fin de vie : situation souvent très anxiogène pour les professionnels, qui doivent assurer le bien-être et le confort du résident tout en ayant besoin d’être eux-mêmes soutenus ;
  • la prise en charge de la dépression des résidents : les soignants peuvent avoir du mal à la détecter du fait de la polypathologie du grand âge ;
  • le racisme des résidents envers les soignants : certains professionnels peuvent souffrir de comportements racistes. Il est alors nécessaire qu’ils puissent exprimer cette souffrance et être aidés dans la façon d’instituer des mesures préventives ou correctives ;
  • la vie privée, intime et sexuelle des résidents : les intervenants doivent pouvoir échanger sur la façon d’offrir aux résidents un lieu d’épanouissement de la vie affective ; 
  • la gestion des conflits au sein de l’équipe : le groupe d’analyse des pratiques est le lieu privilégié de résolution des tensions.

De nombreux professionnels travaillant en EHPAD ressentent de l’épuisement professionnel, du stress chronique, car les difficultés qu’ils rencontrent s’inscrivent souvent dans la durée (cris, insultes de la part des résidents, etc.). Ils se retrouvent quotidiennement confrontés à ces problématiques, ils finissent donc par être submergés par leurs émotions, et cela impacte la qualité du travail.

L’animateur du groupe d’analyse des pratiques (psychologue ou professionnel du médico-social ayant une expérience professionnelle significative ainsi qu’une formation à l’analyse des pratiques) crée du lien, et travaille beaucoup sur la gestion des émotions. Il aide les professionnels à comprendre pourquoi ils ont une telle réaction face à un résident, à quoi est-ce que cela les renvoie. Il les aide à améliorer leur comportement si jamais ils rencontrent à nouveau la même situation. Il leur apprend à avoir des positions plus positives par rapport aux diverses situations auxquelles ils doivent faire face.

Cet outil redonne du sens au travail des professionnels

L’objectif de l’analyse de la pratique professionnelle est d’améliorer les soins des résidents en EHPAD et de renforcer la motivation des soignants. En effet, les résidents souffrent de ne pas toujours être bien compris par les intervenants. De leur côté, les professionnels ne savent pas toujours comment se comporter face aux exigences des familles, aux réticences des résidents, et aux consignes de leur direction.  L’APP permet de trouver des solutions à des cas de prise en charge complexes et de faciliter le travail en équipe pluridisciplinaire.

Ces groupes d’analyse de la pratique permettent d’apaiser des situations à forte charge émotionnelle. Chacun va exposer ses difficultés (par exemple, un problème avec la famille d’un résident, l’agressivité verbale ou physique d’une personne âgée). Ces problématiques sont analysées par les participants. Le groupe doit pouvoir parler librement, c’est pourquoi c’est une personne extérieure à l’institution qui anime le groupe. L’écoute active qui règne dans ces groupes permet au professionnel de se sentir compris et soutenu, il n’est plus seul face à ses problématiques.

Les professionnels peuvent ainsi :

  • mettre en mots les situations complexes qu’ils vivent ;
  • mettre en commun leurs difficultés et avoir une démarche réflexive pour trouver des pistes d’amélioration ;
  • confronter leurs pratiques pour parfaire leurs accompagnements ;
  • travailler sur la gestion du stress et des émotions (ils extériorisent leurs ressentis et prennent soin d’eux pour pouvoir ensuite prendre soin des autres) ;
  • déculpabiliser par rapport à leur sentiment de ne pas réussir à répondre de façon adaptée aux situations problématiques qu’ils rencontrent ;
  • résoudre les conflits pouvant s’instituer au sein des équipes ou avec la direction ;
  • améliorer la cohésion d’équipe et la communication pour favoriser les conditions de travail ;
  • prendre de la distance par rapport aux situations difficiles qu’ils rencontrent avec les personnes âgées ;
  • éviter l’épuisement professionnel (burn-out) ;
  • prendre en compte leurs croyances, représentations et leurs conséquences dans leur pratique professionnelle ;
  • favoriser la bientraitance et la bienveillance ;
  • enrichir leurs connaissances sur les différentes pathologies et les comportements des résidents ;

Pour que l’analyse des pratiques professionnelles soit efficace, elle doit être régulière.

L’analyse des pratiques professionnelles en Ehpad est également un atout pour les résidents

L’accompagnement est individualisé au vu de la compréhension des différentes pathologies, et donc plus efficace. Souvent, les séances d’analyse de la pratique permettent d’instaurer de nouveau la bientraitance au sein de l’établissement, car les participants mettent en commun les meilleures pratiques pour accompagner les résidents, ils apprennent à travailler plus efficacement en équipes pluridisciplinaires, et ils trouvent des solutions aux cas les plus difficiles. Les professionnels en ressortent également plus motivés, car ils se sentent de nouveau valorisés.

Les relations entre les professionnels et les familles sont davantage basées sur la confiance, car les soignants apportent de meilleures réponses à leurs besoins et appréhensions (sentiment de culpabilité lié au fait de ne pas pouvoir s’occuper elles-mêmes du résident, par exemple).

Exemple de cas concret dans un groupe d’analyse des pratiques

Une soignante, que nous appellerons Julie, s’occupe quotidiennement d’une résidente pour lui faire sa toilette. Un jour, la personne âgée se met à proférer des insultes et à pousser des cris en sa présence. Malgré sa bienveillance, la soignante ne parvient pas à l’apaiser et se voit contrainte de passer le relai à un autre professionnel, car la charge émotionnelle devient trop forte.

Lorsqu’elle participe à un groupe d’analyse de la pratique, elle fait part de son incompréhension aux autres participants. Grâce aux questionnements et à la réflexion collective, le groupe comprend pourquoi la résidente a pu avoir un tel comportement et laisser la soignante totalement démunie face à une telle situation. La résidente souffrait ce jour-là d’une pathologie (otite) qui la faisait fortement souffrir. De plus, Julie était exceptionnellement assistée par un stagiaire. La résidente faisait donc preuve d’agressivité pour toutes ces raisons. Cela a permis de déculpabiliser la soignante, qui pensait ne pas être à la hauteur.

Il existe des formations à l’analyse des pratiques professionnelles

Chez Epsilon Melia, nous proposons des formations continues aux professionnels du social et médico-social depuis plus de 15 ans pour les aider à parfaire leurs accompagnements. Nos animateurs peuvent intervenir dans vos structures pour vous aider à solutionner les diverses problématiques que vous pouvez rencontrer au quotidien, grâce à l’analyse des pratiques professionnelles. Nous vous proposons 3 programmes : 

De plus, nous vous proposons une formation pour vous permettre d’animer des groupes d’analyse des pratiques.

Si besoin, nous pouvons nous déplacer sur toute la France ainsi que dans certains pays francophones. Vous avez des questions sur nos différentes formations à l’analyse des pratiques dans le social et médico-social ? N’hésitez pas à nous contacter.

 

Nous remercions Alice Sarrazin, formatrice chez Epsilon Melia, pour les informations précieuses qu’elle nous a fournies pour la rédaction de cet article.