Quelle est la différence entre la violence et l’agressivité ?
Nous sommes tous confrontés à des actes de violence ou à des comportements d’agressivité au cours de notre vie, que ce soit dans notre sphère personnelle ou professionnelle. Même s’ils peuvent être visibles dans tous les secteurs d’activité, les intervenants du social et médico-social sont particulièrement concernés du fait qu’ils accompagnent des publics en grande vulnérabilité. Les termes de violence et d’agressivité sont souvent considérés comme ayant le même sens. Pourtant, ils recouvrent plusieurs différences. Dans cet article, on vous explique en quoi la violence et l’agressivité sont distinctes, même si elles restent souvent liées.
Définition de l’agressivité
Il existe plusieurs approches théoriques pour ce qui concerne l’agressivité.
Les théories sur l’agressivité
L’agressivité selon les biologistes
Le biologiste autrichien Konrad Lorenz considère que l’agressivité est un instinct naturel au même titre que les autres besoins fondamentaux (se nourrir, dormir, etc.), qui permet à l’homme d’assurer sa survie. Comme tout animal, l’agressivité est donc inhérente à tout être humain. Il constate que l’animal est plus agressif lorsqu’il rencontre un autre animal de la même espèce que lui. Cela se reflète également chez l’homme, et prend la forme de soumission, intimidation, agression, etc.
L’agressivité selon la psychanalyse
Les psychanalystes reconnaissent ce caractère biologique de l’agressivité. En psychanalyse, une personne qui fait preuve d’agressivité a pour objectif de montrer sa puissance à l’autre.
Le neurologue et psychologue Alfred Adler considère qu’une personne a un comportement agressif si elle éprouve un sentiment d’infériorité, ce qui entraîne alors de la frustration. Freud, quant à lui, considère que la pulsion d’agression résulte de la pulsion de mort d’un individu qu’il exprime envers l’autre.
La définition de l’OMS sur l’agressivité
D’après l’OMS, « l’agressivité est une réaction psychophysiologique préméditée ou impulsive caractérisée par un comportement hostile (d’attaque ou de défense) dirigé contre une cible considérée comme une menace. »
L’agressivité : un phénomène normal ?
L’être humain a du mal à ne pas manifester son agressivité. Celle-ci est présente de façon plus ou moins importante en fonction des individus. Elle a des conséquences sur nos relations avec les autres. En étant agressif, l’individu en ressort une certaine satisfaction (crier fait du bien, par exemple). Si cette agressivité ne se manifeste pas, elle va finir par ébranler l’individu.
L’agressivité n’est pas négative en elle-même parce que l’individu en a besoin, elle l’aide à grandir, à avoir de l’ambition, à s’affirmer, à être combatif, à montrer à une autre personne qu’il est plus fort qu’elle, à faire face aux difficultés (pulsion de vie).
Si nous prenons un exemple de comportement agressif normal, nous pouvons citer le cas d’une personne dépressive qui a besoin de cette agressivité pour lutter contre sa pathologie. De même qu’un sportif de haut niveau se sert de son agressivité pour accéder au podium (l’agressivité peut aider la personne à gagner, mais sans obligatoirement faire du mal à l’autre). L’agressivité fait donc référence à la puissance et peut s’exprimer tout en respectant les cadres sociaux. Elle peut ainsi être utile pour la personne, et normale tant qu’elle arrive à la canaliser. Tout dépend de la manière dont elle va s’en servir.
Quand l’agressivité devient pathologique
Une personne peut exprimer son agressivité de façon verbale (insultes, mots blessants, etc.) ou non verbale. Elle va souvent avoir cette attitude si elle est stressée, si elle a des émotions négatives telles que la peur, l’angoisse, la colère, etc. Un questionnaire d’agressivité (The Agression Questionnaire) a été mis au point par Buss et Perry (professeurs à l’université du Texas) en 1992. Il estime le degré d’agressivité d’une personne en fonction de 4 éléments : la colère, l’hostilité, l’agressivité physique et l’agressivité verbale.
L’agressivité devient pathologique si elle impacte le quotidien de l’individu. Il existe différentes formes d’agressivité pouvant être nocives, par exemple :
- l’agressivité est démesurée ou, au contraire, réprimée ;
- elle s’associe à des troubles psychiques, de la démence, par exemple ;
- la personne tient des propos incohérents ;
- l’individu est violent envers les autres ou envers lui-même (scarifications, suicide, etc.).
Ici, les conséquences d’une conduite agressive sont beaucoup plus problématiques.
Pour que l’agressivité ne soit pas préjudiciable, l’individu doit donc pouvoir la maîtriser. Elle l’aide ainsi à concrétiser ses projets, à aller de l’avant.
La définition de la violence
Dans son sens le plus courant, la violence fait référence à des attitudes et actions physiques.
La définition de l’OMS sur la violence
« La violence est l’usage délibéré ou menace d’usage délibéré de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou un groupe, qui entraîne ou risque d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, une carence. »
Une personne qui fait preuve de violence a une volonté réelle de détruire l’autre, de lui faire du mal. Quel que soit le type de violence dont est victime un individu (violence morale, violence sexuelle, etc.), elle l’atteint dans son intégrité. En étant violente, la personne sort des cadres sociaux.
C’est l’instinct de survie qui fait recourir une personne à la violence. Elle cherche à se mettre en sécurité, même si les conséquences sont désastreuses pour l’autre (elle tue une autre personne, par exemple). Une attitude violente résulte donc plutôt d’une angoisse due au fait que la personne se sent menacée.
La violence n’est pas toujours perçue de la même façon en fonction des personnes. Pour comprendre si une personne est violente, il faut analyser si elle a cherché à faire consciemment du mal à une autre, si elle est angoissée et qu’elle veut simplement se défendre, ou si elle n’a pas l’impression de faire un acte de violence.
Par exemple, un enfant dyslexique peut être amené à taper l’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) qui s’occupe de lui en classe tout simplement pour attirer son attention. S’il ne le fait pas dans le but de faire mal, il ne s’agit pas de violence.
La violence fait référence à la toute-puissance (si l’individu veut quelque chose, il le fait, même si l’autre n’a pas exprimé son consentement) ou à l’impuissance : la personne exprime son impuissance en détruisant l’autre, car elle n’arrive pas à avoir ce qu’elle veut.
Les formes de violence les plus courantes
Le plus souvent, la violence prend la forme de :
Violence physique
La violence physique fait référence aux agressions sexuelles, aux enfants maltraités, aux violences conjugales, aux maltraitances envers les personnes âgées, etc.
Violence psychologique et verbale
Dans la violence psychologique, l’objectif est d’avoir un contrôle sur la personne en la dénigrant, en la privant de relations sociales, en la faisant douter d’elle-même, par exemple. Ce type de violence n’est pas facile à déceler, car elle peut être masquée (le harcèlement moral , par exemple) et on la retrouve souvent au sein des relations de couples (violences conjugales), en cas d’exploitation sexuelle, etc.
La violence verbale peut précéder la violence physique. Le but est de blesser l’autre avec des réflexions cassantes telles que : « J’ai jamais vu plus incompétent que toi ! »
Violence sexuelle
On parle de violence sexuelle quand la personne n’a pas donné son consentement. La violence sexuelle est parfois associée à de la violence physique, verbale et/ou psychologique. L’excision, le viol conjugal, etc., sont aussi considérés comme des violences sexuelles.
Violence économique
La personne victime de violence économique n’a plus d’autonomie financière. Par exemple, un individu peut surveiller tous les achats de sa compagne ou lui interdire de travailler.
La violence se distingue de l’agressivité
Bien que la violence et l’agressivité soient souvent des attitudes liées, elles comportent des différences. Une personne agressive va menacer l’autre, faire preuve d’hostilité. La violence est une atteinte à l’intégrité des individus. Elle a pour objectif de détruire l’autre, de le dominer, de lui faire du mal.
Une personne agressive va requérir l’attention de l’autre alors que la personne violente attaque le lien qui l’unit à l’autre, sa relation à l’autre. Une personne qui commet un acte violent commence généralement par avoir un comportement agressif. L’agressivité doit être canalisée alors que quand il s’agit de violence, il faut s’en préserver. La violence est donc considérée comme un acte plus grave du point de vue des conséquences.
Bien que la violence et l’agressivité soient présentes dans tous les secteurs professionnels, le champ social et médico-social est particulièrement touché.
Les particularités de la violence et de l’agressivité en travail social
Dans la relation d’aide, le professionnel doit trouver les moyens de répondre aux besoins de l’usager qu’il accompagne. La personne prise en charge est donc dépendante du travailleur social et fortement vulnérable (elle est sans logement, sans papiers, etc.). Parfois, certains usagers font preuve d’agressivité, voire de violence envers les travailleurs sociaux. D’un autre côté, la violence peut également se constater envers les usagers, car les professionnels font face à de plus en plus de difficultés dans leurs accompagnements.
Dans le secteur social et médico-social, l’agressivité et les actes de violence résultent de plusieurs facteurs, par exemple :
- l’usager est découragé de constater que sa situation ne s’améliore pas. En demandant de l’aide aux institutions, il avait l’espoir que l’on réponde à ses besoins, et si ce n’est pas le cas, il ressent une forte frustration ;
- il ressent une injustice (il est frustré de ne pas avoir certains droits, par exemple) ;
- il accumule les frustrations (il se voit refuser un logement plusieurs fois de suite, il ne parvient pas à avoir un droit de visite pour ses enfants placés, etc.) ;
- La communication entre l’usager et le professionnel est inadaptée, il se sent humilié ou subit des jugements négatifs (le professionnel est soupçonneux à son égard, par exemple) ;
- l’usager fait preuve de mépris ou d’indifférence, ce qui entraîne de l’agressivité et peut le faire basculer dans la violence ;
- l’environnement de l’usager : s’il vit dans la pauvreté, la délinquance, etc., cela accentue les risques de propos agressifs et de violence à l’encontre des professionnels ;
- Certains intervenants, victimes d’épuisement professionnel, peuvent également craquer et faire preuve de maltraitance, car ils ne parviennent plus à gérer leurs émotions.
Généralement, les intervenants du secteur social et médico-social sont surtout victimes d’insultes et de menaces verbales. L’agressivité et la violence ont tendance à augmenter, car les travailleurs sociaux ont du mal à répondre aux besoins d’usagers toujours plus nombreux, de plus en plus vulnérables, et qui présentent des pathologies de plus en plus variées. Cette violence rompt le lien entre le professionnel et la personne accompagnée.
La formation continue : un outil essentiel pour une meilleure gestion de la violence et de l’agressivité en travail social
Les professionnels du secteur social et médico-social sont régulièrement confrontés à l’agressivité ou violence de la part des personnes qu’ils accompagnent, car celles-ci sont vulnérables et parfois découragées par les situations complexes qu’elles vivent.
La formation est un bon moyen de les aider à anticiper les facteurs pouvant déclencher de l’agressivité ou violence chez les usagers, et d’acquérir la posture professionnelle adéquate pour mieux les désamorcer.
Chez Epsilon Melia, nous avons conçu une formation sur la violence et l’agressivité sur une durée de 3 jours, en intra ou en inter. Notre objectif est de permettre aux travailleurs sociaux de mieux comprendre les différences entre les comportements agressifs et violents et d’adopter la bonne attitude face à chaque situation délicate. Nous les aidons également à accueillir leurs émotions pour pouvoir mieux les gérer.
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