Comment gérer le traumatisme psychique après une agression ?
Chacun d’entre nous peut être victime au cours de sa vie d’un traumatisme psychique à la suite d’une agression. Celle-ci peut survenir dans la sphère privée, dans l’espace public, mais également sur le lieu de travail. Un traumatisme est le résultat d’un choc émotionnel ou physique extrêmement violent, qui désorganise entièrement la vie de la personne qui en est atteinte. Les travailleurs sociaux sont de plus en plus amenés à accompagner des personnes victimes ou témoins de ce type d’évènement traumatique. Mais ils sont eux-mêmes confrontés à des violences similaires au sein des institutions, et peuvent avoir besoin d’être pris en charge à leur tour. Les métiers du secteur social et médico-social sont en effet considérés comme étant à risques du point de vue des agressions, car les professionnels sont principalement au contact du public. Comment aider les personnes souffrant d’un traumatisme psychologique à panser leurs blessures et à retrouver l’estime de soi ? On vous dit tout.
Repérer le traumatisme psychologique qui fait suite à l’agression
Un traumatisme n’est pas seulement une atteinte physique au corps avec des symptômes visibles comme des bleus, plaies, etc. C’est pourquoi il peut être difficile à identifier. En effet, une fois que les soins physiques ont été prodigués, il reste toute la souffrance psychologique, et celle-ci peut s’éterniser si elle n’a pas été prise en compte. Car parfois, cette douleur est mise de côté, que ce soit par la victime elle-même (elle a honte, elle a peur d’en parler, elle essaie d’oublier parce que c’est trop difficile pour elle d’y faire face, etc.) ou par l’entourage. Cette situation se rencontre fréquemment chez les migrants souffrant de stress post-traumatique, car ils peinent souvent à mettre des mots sur ce qu’ils ont subi.
Le traumatisme psychologique ne résulte pas toujours d’une agression physique (agression sexuelle, coups de poing, etc.). Celle-ci peut être également verbale (harcèlement, dénigrement, etc.), mais la souffrance psychique est la même.
Lorsqu’un traumatisme psychique est lié à une agression, l’individu perd sa place de sujet, car son agresseur l’a considéré comme un objet dont il pouvait disposer à sa guise. La victime a perdu ses droits sur son corps et son psychisme au moment de l’attaque. On ne lui a pas laissé le choix, elle était impuissante. Le travailleur social doit donc réussir à identifier les symptômes du traumatisme psychologique pour pouvoir la prendre en charge efficacement et lui redonner sa place au sein de la société, l’aider à reprendre le contrôle. Car la personne agressée peut se murer dans le silence, les signes de sa souffrance sont donc difficiles à détecter.
Il faut savoir que tous les évènements ne sont pas traumatiques pour tous. Certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres (ceci peut être dû à de mauvais traitements subis dans l’enfance, par exemple). Elles peuvent vivre le même évènement, mais avoir des répercussions traumatiques distinctes. Le risque de développer des séquelles diffère donc également. Un évènement grave n’a pas forcément le même impact sur les individus. C’est pourquoi il est important de respecter la singularité de chacun, car le traumatisme n’est pas vécu de la même façon. Les personnes mettront plus ou moins de temps pour se remettre, il faut ainsi éviter tout jugement.
Ces évènements traumatiques peuvent être vécus individuellement ou collectivement, et la méthode d’accompagnement sera adaptée à ces différents paramètres.
Quoi qu’il en soit, une fois que le traumatisme émotionnel est désamorcé, il faut réagir rapidement pour que la victime puisse bénéficier d’un soutien émotionnel.
L’accompagnement a pour objectif d’éviter les conséquences désastreuses du traumatisme psychologique comme le burn-out, l’isolement, les addictions, la délinquance, l’irritabilité, etc. L’intervenant doit comprendre ce qui s’est passé et opter pour la solution la plus adaptée sachant que deux étapes sont à prendre en compte dans cet accompagnement : l’urgence et le suivi.
Traiter l’urgence lorsqu’il y a traumatisme psychique
Concernant la prise en charge d’un traumatisme psychologique, deux options sont généralement envisagées :
L’accompagnement sous forme d’entretien individuel pour aider la victime d’agression
Lorsqu’une personne est victime d’agression, elle peut avoir des réactions différentes face au trauma : culpabilité, agitation, sentiment d’insécurité, évitement, etc. Lors de l’entretien individuel, le thérapeute repère les signes du traumatisme. À partir du témoignage de la victime, l’objectif de la séance est de l’exposer à nouveau au souvenir de la situation traumatique, mais surtout de faire émerger ses affects et de l’amener à comprendre ses émotions. Se confronter à l’évènement permet à l’individu d’apprendre à vivre avec ce mauvais souvenir et de ne plus être envahi par la souffrance.
L’écoute active est essentielle lors de l’entretien, le thérapeute doit être centré sur la personne pour qu’elle se sente en confiance et pleinement écoutée.
Elle a perdu ses repères, se sent enfermée dans une immense solitude, peut également se sentir incomprise par son entourage. Elle est extrêmement vulnérable et sa santé mentale est largement altérée. Mettre des mots sur ce qui s’est passé permet de libérer la parole, d’exprimer le mal-être, et d’accepter les émotions qui la traversent. Le professionnel l’aide également à puiser dans ses ressources personnelles pour s’en sortir.
Grâce à cette phase d’écoute, puis de questionnements, le thérapeute amène la victime à comprendre comment elle va pouvoir faire de cette blessure psychique une force.
L’intervention collective auprès d’une équipe
Lorsque le traumatisme psychologique fait suite à une agression survenue sur le lieu de travail, il peut être nécessaire de réunir l’équipe au sein de laquelle l’évènement s’est produit. Plusieurs personnes peuvent avoir été agressées, mais les témoins sont susceptibles d’être tout autant traumatisés. Les personnes en souffrance vont pouvoir exposer leur situation au sein du groupe, le thérapeute aura ainsi la possibilité de repérer les différents symptômes.
Un premier débriefing permet à la victime d’expliquer ce qui s’est passé devant l’équipe, qui la soutient. Chacun peut exprimer les émotions ressenties : peurs, culpabilité, doutes, etc.
Dans un second temps, le thérapeute doit analyser ce qui provoque de la souffrance chez chaque personne entendue. Il fait le lien avec leur passé et leurs croyances. En effet, ce qui fait souffrance chez les uns ne fait pas forcément souffrance chez les autres.
Enfin, c’est l’étape de la résilience lors de laquelle la victime parvient à prendre du recul sur ce qui lui est arrivé.
Grâce à l’entretien collectif, les personnes comprennent qu’elles ne sont pas les seules à ressentir des symptômes, et peuvent se soutenir collectivement. Le soutien émotionnel a de grandes répercussions positives sur le mieux-être des victimes.
Les buts de cette intervention collective :
- expliquer les différents symptômes issus de cette agression ou pouvant apparaître ultérieurement. Cela rassure la personne qui se rend compte que les souffrances ressenties sont normales et que les professionnels les connaissent et savent les gérer ;
- aider les victimes à mettre des mots sur leur expérience traumatique : exprimer verbalement les émotions générées par une agression permet de prendre de la distance par rapport au traumatisme subi et de se protéger de troubles psychiques éventuels ;
- créer du lien ;
- identifier les fragilités chez les différents participants.
Les professionnels qui mènent les entretiens individuels ou collectifs abordent les victimes de traumatismes psychologiques avec beaucoup d’empathie et d’attention. Ils leur offrent un cadre sécurisant pour qu’elles puissent trouver la force de dépasser cette blessure psychique.
Un suivi régulier parfois nécessaire
Parfois, l’accompagnement d’urgence ne suffit pas. Un suivi psychothérapeutique plus long peut être envisagé si le psychologue considère que la victime est encore trop vulnérable pour s’en sortir seule. Cette étape n’est pas évidente, car la personne ne va pas toujours en faire la demande. Elle peut considérer que cela n’est pas nécessaire ou avoir l’impression que personne ne peut lui apporter cette aide dont elle a besoin, par exemple. Pourtant, les séquelles d’un traumatisme peuvent être graves, c’est pourquoi cette prise en charge est essentielle.
Généralement, si les symptômes persistent au-delà d’un mois, on considère que le traumatisme psychique lié à l’agression devient chronique (stress post-traumatique), et nécessite cette prise en charge régulière. Il existe plusieurs types de thérapies en cas de traumatisme psychologique. En voici les principales :
- la thérapie cognitivo-comportementale est centrée sur les traumatismes, et permet de réduire les symptômes du trouble de stress post-traumatique. Elle aide la victime à reprendre le contrôle de ses émotions et prévient également le risque de rechute ;
- la technique de l’EMDR est également appropriée en cas de stress post-traumatique. Lorsque les personnes souffrent d’un traumatisme psychologique, elles revivent sans cesse l’évènement qui a généré cette souffrance. Elles ne parviennent pas à se sortir de ce cycle infernal. Avec la thérapie EMDR, la victime est amenée à revenir sur son souvenir traumatisant et à prendre en compte les émotions que ce traumatisme a fait naître. Elle suit des yeux une baguette tenue par le thérapeute, celle-ci provoquant des mouvements oculaires. Pendant ce temps, la personne laisse sortir ce qui lui vient à l’esprit. Ces mouvements oculaires durent jusqu’à ce que le souvenir traumatique ne perturbe plus émotionnellement la personne ;
- l’hypnose permet de travailler sur l’inconscient et de se libérer des traumatismes enfouis.
À noter que le soutien de l’entourage est primordial pour la victime. Il est important de ne pas minimiser ce qu’elle a vécu, de lui enlever toute culpabilité, et de ne surtout pas critiquer ses ressentis.
Si besoin, et lorsque le traumatisme psychique est lié à une agression ayant lieu au sein d’une entreprise ou institution, il est possible de faire appel à une aide extérieure pour gérer ces évènements douloureux.
Chez Epsilon Melia, nous proposons des accompagnements sur-mesure d’urgence aux professionnels du secteur social et médico-social, mais également aux usagers des institutions victimes de traumatismes psychiques. Nous intervenons rapidement, dans les 2 à 3 jours qui suivent l’évènement traumatisant, et notre cadre d’intervention est basé sur la bienveillance et la protection. Nous pouvons vous accompagner individuellement ou collectivement.
Nous avons également créé une formation destinée aux cadres des institutions afin qu’ils puissent apprendre à gérer eux-mêmes les situations traumatiques.
Vous souhaitez en savoir plus sur nos accompagnements ? Nous vous invitons à nous contacter.