Qu’est-ce que la communication alternative et améliorée (CAA) ?
La parole n’est pas le seul moyen d’échanger en société. Quand des personnes ont des difficultés pour communiquer, il existe des techniques et outils leur permettant de s’exprimer ou de comprendre les autres. Il s’agit de la communication alternative et améliorée (CAA). Appelée également communication alternative et augmentée ou encore communication alternative et augmentative, elle permet aux individus en situation de handicap de s’intégrer au mieux dans le monde qui les entoure. Afin que sa mise en œuvre soit efficace, il est important que les professionnels du secteur social et médico-social en charge de ces publics soient solidement formés à ces différentes méthodes de communication alternative.
Quels sont les objectifs et avantages de ces moyens alternatifs ? Quels outils sont utilisés pour compenser les troubles de langage et de communication ? On vous dit tout.
Définition de la communication alternative et améliorée
Le terme “alternative” signifie que les personnes qui ne disposent pas du tout du langage oral ont besoin de stratégies alternatives à la parole, c’est-à-dire de techniques qui la remplacent. Elles leur permettent de communiquer différemment.
Le terme améliorée, augmentée ou encore augmentative, permet à une personne qui n’arrive pas suffisamment à se faire comprendre par les autres d’utiliser des méthodes de communication qui complètent, améliorent la parole. L’objectif est de rendre son message plus compréhensible.
La CAA apporte une aide matérielle ou humaine en fonction des besoins de chacun. Elle agit à la fois sur la compréhension et l’expression.
La communication alternative et augmentée s’adresse à des personnes en situation de handicap
La CAA est adaptée aux personnes ayant des besoins complexes de communication (ou difficultés de communication) qui sont apparus dès la naissance, ou au cours de leur vie. Elle est notamment utilisée pour les personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme, en cas de paralysie cérébrale, de trisomie 21, de dysphasie, etc.
L’utilisation de ces aides à la communication est parfois temporaire : elle peut permettre à un individu de recouvrer la parole (après un accident, par exemple) ou stimuler le développement du langage chez l’enfant.
Les personnes atteintes d’autisme ont des troubles de la communication spécifiques
L’autisme se manifeste par la présence de trois éléments : l’incapacité de réciprocité sociale ou émotionnelle, le déficit de communication non verbale et l’impossibilité d’établir ou entretenir des relations avec les pairs. Les symptômes principaux des TSA (trouble du spectre de l’autisme) se traduisent donc par des troubles de la communication.
Ces derniers seront plus ou moins importants selon le degré de sévérité et concernent à la fois la communication verbale (phrases, mots, expressions, humour) et la communication non verbale (distance physique, prise de parole, gestuelle, etc.).
Le langage oral peut être totalement absent ou limité, les gestes inadaptés, la parole non dirigée. En réalité, l’autiste peut avoir des compétences verbales sans qu’elles soient utilisées pour communiquer, ou alors de manière peu compréhensible. La personne autiste a du mal à faire comprendre ses besoins et ses désirs.
La communication alternative et améliorée a de nombreux avantages
Lorsqu’une personne n’arrive pas à parler ou a beaucoup de mal à s’exprimer et à se faire comprendre, elle est plus vulnérable surtout si elle vit seule. L’impossibilité de communiquer entraîne bien souvent un rejet de la part des autres adultes ou enfants pour lesquels l’usage de la parole est facile. Cela peut commencer dès l’école (c’est notamment le cas pour les autistes), ce qui engendre de la frustration, voire de la colère chez l’enfant qui subit cette mise à l’écart et parfois même des moqueries. Son agressivité ne fait qu’exacerber cet isolement, car l’entourage ne comprend pas toujours les raisons de ce comportement.
La communication alternative et améliorée permet de pallier à ce rejet de la société et a bien d’autres objectifs et avantages :
- elle diminue les troubles du comportement (crises de colère, hyperactivité, etc.) : un enfant ou un adulte qui comprend et est compris par son entourage voit sa colère s’apaiser puisqu’il peut enfin bénéficier d’interactions sociales ;
- elle accroît l’autonomie de la personne, qui sans ces méthodes de communication alternative, aurait sans cesse besoin d’être assistée ;
- elle permet de nouer des relations plus qualitatives avec les autres et de mieux se faire respecter en tant qu’individu. La personne en difficulté peut également mieux s’adapter à des situations nouvelles ;
- elle augmente les chances de trouver un emploi ;
- elle concourt à une meilleure santé mentale et physique.
La communication alternative et améliorée propose des stratégies et outils adaptés à chaque handicap
Il existe plusieurs types de CAA dont le choix dépend du profil et des besoins de la personne concernée. La première étape consiste donc à décoder la signification de chaque trouble du comportement. Ce travail d’évaluation peut être réalisé avec des outils tels que le ComVoor ou l’ABLA. Pour que le programme de communication soit efficace, l’entourage familial et professionnel doit être pleinement investi dans l’acquisition de la méthode.
La CAA non assistée
Dans ce cas, il n’y a pas besoin d’aide matérielle ou humaine. Seul le corps est sollicité, car c’est lui qui est chargé de transmettre le message. Il s’agit notamment :
- de la langue des signes ;
- des expressions du visage ;
- de la position du corps, etc.
La CAA assistée par des procédés peu techniques
Elle nécessite l’utilisation de matériels divers comme des cartes, des cahiers de vie, des classeurs de communication pour l’autisme, etc.
L’outil le plus connu pour faciliter la communication en cas de handicap est le pictogramme. Il s’agit d’images, de dessins ou photos exprimant des mots ou des idées. Voici quelques méthodes utilisées qui s’avèrent très efficaces :
La communication alternative avec le PECS (Picture Exchange Communication System)
La méthode PECS a été élaborée aux États-Unis dans les années 80 par un psychologue et thérapeute comportementaliste (Andrew Bondy), et un orthophoniste (Lori Frost). Cet outil de communication alternative peut être utilisé aussi bien avec les enfants de tous âges qu’avec des adultes présentant des troubles de la communication.
La personne concernée par un problème de langage oral doit apprendre à demander les objets qu’elle désire en échangeant des images avec un professionnel, un membre de sa famille, etc. Ce système l’aide à initier le langage verbal.
Le classeur PECS a pour but de développer le goût pour les images et de susciter le désir d’échanger avec l’autre.
L’utilisation du PECS comprend 6 étapes, c’est pourquoi il est nécessaire que le professionnel ou le proche qui s’occupe de la personne en difficulté soit formé.
Le MAKATON
Le programme Makaton est adapté aux divers besoins de communication comme l’oral, l’écrit, l’articulation, etc. Il a été inventé dans les années 70 par Margaret Walker, une orthophoniste britannique.
Le makaton s’appuie sur du vocabulaire de base, et l’objectif est d’associer les signes et les pictogrammes. Il s’agit donc d’une technique multimodale. Les signes se joignent à la parole. Cette utilisation combinée permet de décrire des situations de la vie quotidienne.
L’objectif est d’amener l’enfant ou l’adulte à oraliser. Un signe est chargé de favoriser la compréhension orale, c’est un élément dynamique. À l’inverse, un pictogramme est fixe, il ne bouge pas. Il aide aussi à la compréhension.
La CAA assistée par des procédés hautement techniques
Il existe des outils technologiques qui disposent d’une synthèse vocale. La personne qui a des problèmes de communication choisit une ou plusieurs images pour former une phrase. Le logiciel la formule ensuite oralement.
Si une personne n’arrive pas à parler, mais a de bonnes connaissances en lecture et écriture, elle peut aussi utiliser un clavier.
Les dispositifs robustes de communication alternative et augmentée
Il existe également des dispositifs robustes qui permettent d’exprimer tout type de message. Ils offrent un vocabulaire varié et sont technologiques ou non.
On peut citer l’exemple du PODD, qui est un classeur de communication créé par une orthophoniste australienne du nom de Gayle Porter. Cet outil contient tous les mots dont la personne a besoin au quotidien et qui peuvent aider au développement du langage. Ces mots sont accompagnés de pictogrammes. Ce classeur comporte un vocabulaire riche, organisé de façon pragmatique, qui permet à l’apprenant de communiquer de manière précise (donner son opinion, décrire un événement, etc.).
En communication alternative et améliorée, ce qui est essentiel, c’est de privilégier la multimodalité. Judith Labouverie, orthophoniste et formatrice CAA, souligne bien cet élément important : l’utilisation d’un seul outil n’est bien souvent pas suffisante, et toutes ces méthodes ont l’avantage d’être complémentaires. L’apprenant peut utiliser des signes dans certains contextes, et recourir dans le même temps à un dispositif robuste à base de pictogrammes. De plus, en cas d’utilisation d’outils purement technologiques, une panne est toujours possible, c’est pourquoi il est préférable de posséder une autre méthode alternative.
Quels que soient les outils utilisés, il est indispensable que les professionnels du secteur social et médico-social (orthophonistes, ergothérapeutes,etc.) s’occupant de personnes en situation de handicap soient solidement formés à l’utilisation de ces derniers. En effet, la personne handicapée ne peut pas apprendre seule à se servir de cette panoplie de techniques alternatives.
La formation reste le facteur de réussite de la communication alternative et améliorée
Tout professionnel doit choisir l’outil le plus approprié en fonction des besoins, aptitudes de la personne handicapée, mais aussi de ses goûts.
La méthode alternative adoptée doit également souvent faire l’objet de tests et d’ajustements, et la personne concernée met parfois du temps à se l’approprier. C’est pourquoi elle doit être accompagnée au mieux.
Chez Epsilon Melia, nous proposons une formation sur 2 jours sur la communication alternative pour les personnes autistes.
Celle-ci a pour but de permettre aux professionnels de connaître et de mettre en place des outils adaptés à ce type de handicap.
La formation vise aussi la maîtrise des outils médias : tablettes et applications numériques, cartes, programmes d’images ou de pictogrammes.
N’oublions pas que la communication alternative et augmentée améliore le quotidien des jeunes autistes et valorise le rôle de l’entourage professionnel et familial, souvent démuni.
Vous avez une question ou besoin d’un conseil concernant notre formation sur la communication alternative ? Nous sommes là pour vous répondre.