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Thérapeute qui réconforte une femme qui pleure

Suicide au travail : que faire ?

Les suicides et tentatives de suicide liés au travail font l’objet d’une attention particulière seulement depuis 2007. En effet, cette période a été marquée par une vague d’actes suicidaires dans des entreprises prestigieuses comme Renault, Peugeot, La Poste, EDF, etc. La société a ainsi pris conscience des risques psychosociaux dans le milieu professionnel (violences internes et externes, stress). Le suicide concerne aujourd’hui tous les secteurs d’activité et toutes les catégories socioprofessionnelles. Malgré tout, le secteur social et médico-social est particulièrement touché par ce phénomène qui concerne aussi bien les usagers des institutions que les professionnels qui les accompagnent. Le suicide d’un collègue entraîne un traumatisme psychologique chez le personnel de l’entreprise parce qu’il s’agit d’un choc émotionnel brutal, inattendu. Cela peut également avoir des conséquences sur la santé physique. Lorsque ce type d’évènement traumatique survient sur le lieu de travail, il est donc essentiel de réagir rapidement et de façon adaptée. Dans cet article, on vous donne des clés pour intervenir au mieux dans ces situations extrêmement douloureuses.

Traiter l’urgence en mettant en place une cellule de crise

Le choc psychologique lié à l’annonce du suicide d’un collègue nécessite une prise en charge rapide des personnes travaillant dans l’entreprise en question. En effet, les séquelles psychologiques engendrées par un acte d’une telle violence sont d’autant plus importantes si le suicide est en lien avec le travail. C’est pourquoi plus les décisions seront prises rapidement, plus les risques de stress-post traumatique seront réduits.

Pour anticiper la survenue d’évènements traumatiques dans l’entreprise, il est judicieux de mettre en place une cellule de crise afin que des procédures soient définies pour faire face à ces situations graves. En principe, et en fonction de la taille de l’entreprise, cette cellule se compose au minimum du directeur de l’établissement, d’un thérapeute, et d’une assistante sociale. Un représentant du personnel peut également en faire partie. L’objectif est de définir des actions à mettre en place en urgence en cas de suicide au sein de l’entreprise ou à l’extérieur de l’établissement.

Alerter les acteurs compétents en cas de suicide au travail 

Si le suicide a lieu au sein de l’entreprise, la direction doit prévenir les secours au plus vite pour suivre leurs instructions. Si une infirmière travaille dans l’établissement, il est essentiel de l’informer de la survenue du décès du salarié afin qu’elle puisse suivre les premières préconisations avant l’arrivée du SAMU ou des pompiers. Dans la mesure du possible, il convient de protéger le lieu où a eu lieu le suicide afin de préserver les indices qui serviront à une enquête, mais également pour protéger le personnel de l’impact visuel du drame. En cas de témoins, il est important de veiller à ce qu’ils restent entourés jusqu’à leur prise en charge.

Le directeur doit décider s’il stoppe momentanément l’activité de l’entreprise pour que chacun puisse s’apaiser et bénéficier d’un accompagnement psychologique s’il en ressent le besoin.

Informer le personnel de l’entreprise du suicide d’un collaborateur 

Il s’agit d’informer les collaborateurs proches de la personne décédée (qui travaillaient avec la personne ou qui entretenaient des rapports amicaux avec elle). Mais il faut également prévenir le reste du personnel, sans détailler les causes du décès. Si la personne s’est suicidée sur son lieu de travail, une des personnes faisant partie de la cellule de crise doit alerter la famille. En effet, même si cette annonce incombe à la police, la présence du dirigeant montre aux proches que l’entreprise est investie et que la victime a de la valeur.

Avertir les administrations compétentes du décès par suicide

Le directeur doit informer au plus vite la médecine du travail et un représentant du personnel, s’il existe. Il a également le devoir d’avertir la CPAM (caisse primaire d’assurance maladie) si le suicide a eu lieu sur le lieu de travail ou sur le trajet entre le domicile et le travail. Il doit procéder à une enquête afin de prévenir les risques psychosociaux du travail. L’entreprise peut faire le choix de faire appel à un consultant extérieur pour s’en occuper ou bien créer une délégation d’enquête paritaire interne à l’entreprise. En effet, l’acte suicidaire peut être le signe de carences au sein de l’entreprise. Il peut aussi gravement altérer la santé mentale et physique des autres salariés, et éventuellement entraîner d’autres suicides.

C’est pourquoi il faudra rechercher dans quelle mesure cet acte suicidaire est susceptible d’être en lien avec le travail. Cela peut être le signe que des mesures fortes doivent être prises pour améliorer les conditions de travail de chacun. Des outils de prévention devront être également mis en place. Malgré tout, un suicide qui a lieu sur le lieu de travail ne signifie pas obligatoirement qu’il soit lié à la profession. 

Mettre en place des mesures d’accompagnement

Cet accompagnement est effectué par des personnes extérieures à l’entreprise, spécialisées dans ce type d’évènement traumatique. On parle aussi de postvention pour faire référence aux mesures qui sont prises pour aider les personnes témoins d’un suicide ou proches de la victimes à se rétablir.

Accompagner la famille de la personne qui s’est suicidée sur le lieu de travail

La cellule de crise de l’entreprise doit garder le lien avec la famille afin de connaître la date des funérailles, l’aider à trouver l’aide dont elle a besoin en l’orientant vers les professionnels compétents (thérapeute, assistant social, etc.).

Accompagner les salariés de l’entreprise 

L’entreprise doit mettre en place un accompagnement psychologique d’urgence pour ses salariés, à ses frais. Ce soutien peut être individuel ou collectif, et a pour but de prévenir des troubles de stress post-traumatique. Lors de ces entretiens, le thérapeute détecte les symptômes du traumatisme psychologique chez les témoins de l’évènement, mais aussi chez les salariés proches du défunt (colère, tristesse, choc émotionnel, etc.). 

Chacun doit pouvoir expliquer ce qu’il ressent, libérer ses émotions, sachant que l’évènement traumatique ne provoque pas le même type de souffrance chez les personnes. Pour certaines d’entre elles, il est plus facile de s’en remettre. Cela dépend de l’histoire de chacun, de ses croyances, de ses fragilités, etc.

L’objectif de ces entretiens individuels et collectifs est d’aider les salariés à prendre de la distance par rapport à l’acte suicidaire de leur collègue afin qu’ils puissent dépasser cette souffrance psychique. Bien entendu, les thérapeutes qui mènent ces interventions font preuve d’écoute active, car la personne en détresse a besoin de se sentir en confiance pour pouvoir se confier et aller mieux. Il est important d’accueillir la personne sans faire preuve de jugement.

Si le soutien d’urgence ne suffit pas, et que les symptômes s’éternisent, le thérapeute peut proposer une prise en charge à plus long terme, car il peut s’agir d’un trouble de stress post-traumatique.

Travailler sur la déculpabilisation

Souvent, les collègues sont extrêmement choqués et ressentent beaucoup de culpabilité parce qu’ils n’ont pas vu que la victime avait des idées suicidaires. Même s’ils avaient peut-être conscience de sa souffrance psychique, ils ne pensaient pas qu’un tel acte puisse être possible. Le suicide reste encore tabou aujourd’hui malgré les plans de prévention mis en place ces dernières années. D’un côté, la personne qui souffre n’ose pas parler de ses idées noires sur son lieu de travail parce qu’elle pense qu’elle sera incomprise. De l’autre, ses collègues ne souhaitent pas s’immiscer dans sa vie privée ou ne voient tout simplement pas à quel point elle ressent un fort mal-être. Le soutien collectif est un très bon moyen de prévenir les tentatives de suicide tout comme il aide chaque salarié de l’entreprise témoin d’un acte suicidaire ou proche de la victime à retrouver une bonne santé mentale.

Ce problème de culpabilité est particulièrement présent dans le secteur social et médico-social lorsqu’un professionnel apprend que l’un de ses patients s’est suicidé. Il peut avoir l’impression d’avoir échoué dans sa prise en charge, et remettre en question sa pratique.

Avoir conscience que des métiers sont plus à risques que d’autres

Même si toutes les professions sont à risques, certains secteurs sont particulièrement touchés par le suicide au travail : la santé, le secteur social et médico-social, les surveillants pénitentiaires, les policiers, les agriculteurs, etc. Le stress au travail augmente le risque de dépression, et de passage à l’acte. Surcharge de travail, violences internes ou externes, etc., sont autant de situations pouvant amener un salarié à se suicider.

Les professionnels du social et médico-social sont particulièrement confrontés à ce type de stress, car ils rencontrent quotidiennement des publics très vulnérables, susceptibles de mettre fin à leurs jours. Ils peuvent également être touchés par le suicide d’un collègue, car les métiers de l’accompagnement sont souvent très éprouvants. Les intervenants peuvent craquer, tout comme les personnes qu’ils prennent en charge.

Participer à des groupes d’analyse des pratiques professionnelles

L’analyse des pratiques permet aux salariés de se regrouper pour échanger ensemble sur les difficultés qu’ils rencontrent et apporter collectivement des solutions. Cet outil est particulièrement efficace pour les métiers à fort relationnel. L’objectif est d’apporter de l’aide au professionnel qui se retrouve en difficulté, mais aussi d’enrichir les pratiques de chacun. L’analyse des pratiques est donc particulièrement adaptée si des personnes ont subi des évènements difficiles (traumatisme psychique suite à une agression, suicide au travail, etc.).

Se former à la prise en charge des évènements traumatiques

Afin d’apprendre à gérer les évènements traumatiques pouvant intervenir en milieu professionnel, il est possible de recourir à la formation. Chez Epsilon Melia, nous avons créé un programme à destination des cadres des institutions sociales et médico-sociales afin qu’ils puissent mieux faire face aux situations traumatisantes. Nous leur fournissons des outils pour qu’ils soient en mesure d’intervenir efficacement et de s’adapter à chaque type de situation. Le suicide au travail en fait partie.

 

Nous vous proposons également d’intervenir en urgence au sein de votre structure pour vous accompagner individuellement ou collectivement si vous vivez un évènement grave. Cette prise en charge psychologique est possible pour vos équipes, mais aussi pour les personnes accompagnées. Nos thérapeutes sont spécifiquement formés à la gestion d’évènements traumatiques et s’assurent que les personnes en souffrance psychique n’ont pas de trouble de stress post-traumatique suite à cet évènement.  

Nous vous invitons à nous contacter si vous souhaitez avoir des informations complémentaires sur nos différents programmes.