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Une femme et son enfant subissant les violences conjugales

Quel est l’impact des violences conjugales sur l’enfant ?

Les violences conjugales sont des comportements, des actes de violence répétés commis dans le couple par l’un des partenaires, et visant à exercer sa domination sur l’autre. Il arrive aussi que les deux conjoints fassent preuve de violence l‘un envers l’autre. Lorsque les enfants y sont exposés, ils sont victimes de maltraitance psychologique, car ces violences ont des effets graves et persistants sur leur santé physique et mentale. Ce statut de victime a d’ailleurs été reconnu par un décret du 23 novembre 2021. Les violences conjugales ont été exacerbées avec l’arrivée de la Covid-19, c’est pourquoi la formation des professionnels du secteur social et médico-social est plus que jamais nécessaire pour qu’ils puissent repérer efficacement leur impact sur les enfants qu’ils prennent en charge et leur proposer un accompagnement adapté. Même si chaque enfant réagit différemment face à la violence dans le couple, on observe plusieurs effets néfastes pouvant altérer leur développement. On vous les détaille dans cet article.

Une santé physique et mentale altérée du fait des violences conjugales

À chaque âge, l’enfant peut gravement souffrir de ces violences intrafamiliales, quelle que soit leur forme (violence psychologique, verbale, physique, sexuelle, économique, administrative) : 

Avant sa naissance

Alors qu’il est encore dans l’utérus de sa mère, l’enfant peut subir des altérations cognitives et cérébrales du fait des violences conjugales dont elle est victime. Les substances du stress de sa mère passent dans le liquide amniotique et sont toxiques pour le système nerveux du bébé. Il peut également avoir un traumatisme physique du fait des coups portés au ventre de sa mère. Une fois né, il peut montrer son mal être par des pleurs ou un refus de manger, ou bien se faire tout petit pour ne pas attirer l’attention.

Pendant l’enfance

Les conséquences sont d’autant plus graves lorsque l’enfant n’a pas encore l’usage de la parole, car il ne peut exprimer verbalement les émotions qu’il ressent lorsqu’il est témoin de violences au sein du couple. On pense parfois que comme il est très petit, il n’est pas conscient des drames qui ont lieu chez lui alors qu’il ressent fortement l’angoisse de sa mère.

Les enfants ont peur, ils sont souvent anxieux, déprimés, voire développent un trouble de stress post-traumatique lorsque la violence exercée sur la mère est extrême (homicide ou tentative d’homicide, par exemple). Ils revivent sans cesse les scènes de violence par des flash-back et des cauchemars. Ils peuvent également avoir des troubles du comportement. Ce stress post-traumatique et ces problèmes de comportement peuvent faire l’objet d’un mauvais diagnostic, car l’enfant peut être considéré comme hyperactif ou tout simplement difficile.

La souffrance de l’enfant peut être exacerbée si sa relation avec sa mère est appauvrie. En effet, cette dernière étant dans une situation de désespoir, elle peut avoir du mal à maintenir le lien avec son enfant et à le soutenir, car elle est très vulnérable et sous emprise. Elle ne voit pas toujours la détresse de son enfant, qui ne peut donc pas exprimer ses émotions, et n’a pas la force de le protéger de cette violence. L’enfant a donc des troubles de l’attachement parce qu’il n’a pas été sécurisé, et peut être sujet à l’angoisse d’abandon puisqu’il souffre de carences affectives.

De plus, si l’enfant tente de défendre sa mère lorsqu’elle est battue par son père ou son conjoint, celui-ci peut se retourner contre lui. 

Les enfants exposés aux violences conjugales ont également plus de troubles physiques : migraines, maux de ventre, trouble de la croissance, etc. L’impact des violences conjugales sur ces enfants est donc particulièrement sévère.

À l’adolescence

Une fois arrivés à l’adolescence, ils ont plus de risques que les autres enfants de développer des addictions (alcool, drogue, etc.), d’avoir des troubles alimentaires, de faire des tentatives de suicide, et d’être victimes de prostitution, ce qui aggrave leur santé physique et mentale.

Des problèmes cognitifs fréquents 

Les tout-petits ont souvent des retards en matière de propreté et d’acquisition du langage.

Une fois scolarisés, ils peuvent avoir des difficultés dans les apprentissages scolaires, des problèmes pour se concentrer. Ils sont également plus sujets aux phobies scolaires

Des relations sociales compliquées

De nombreux enfants exposés à la violence conjugale ont du mal à tisser des liens avec les autres. Comme ils n’ont pas été sécurisés par leurs parents, ils n’arrivent pas à faire confiance, et ont donc tendance à s’isoler ou à répondre de façon agressive ou violente s’ils sont en difficulté. Cela ne fait qu’accentuer leur solitude, car les autres enfants se détournent d’eux.

Une culpabilité qui découle de ces violences intrafamiliales

L’enfant peut se sentir responsable de la violence intrafamiliale et penser qu’il joue un rôle dans l’expression de cette violence. Il peut avoir l’impression que sa naissance est la cause de cette explosion du couple, qu’il n’est pas suffisamment gentil, etc. Ce sentiment de culpabilité exacerbe son anxiété.

Un silence qui pèse lourd

Les enfants évoquent peu les scènes de violence pouvant se produire chez eux. Même au sein de la famille, on met rarement des mots sur ce qui s’est passé, les parents n’en parlent pas à l’enfant. Il reste donc seul face à ses émotions négatives (peur, honte, colère, état de choc, etc.). Ce silence altère également son développement mental.

Une hypervigilance au quotidien

L’enfant ne sait jamais à quel moment son père va s’attaquer à sa mère. C’est pourquoi il est toujours en alerte, se sent constamment menacé, ce qui développe un fort sentiment d’insécurité. Tout comme sa mère, il cherche à percevoir les signes qui montrent que la crise de violence va avoir lieu. Cette exposition continuelle à la violence conjugale entraîne un tel effroi, un tel sentiment d’impuissance chez l’enfant que cela altère fortement sa capacité de résistance au stress.

Il peut aussi ressentir le monde qui l’entoure comme un danger puisqu’il est habitué à vivre constamment dans un climat d’insécurité. 

Un conflit de loyauté parfois présent

On parle de conflit de loyauté lorsque l’enfant a l’impression qu’il doit prendre parti pour l’un de ses parents. Il pense que comme ses deux parents ne s’entendent pas, il doit choisir l’un ou l’autre. Cela aggrave son sentiment de culpabilité, car il pense que s’il prend le parti de sa mère, son père lui en voudra, et inversement. Mais comme il est attaché à ses deux parents, il voudrait pouvoir soutenir les deux. Mais s’il défend les deux, il a le sentiment de trahir à la fois son père et sa mère. Cette situation le met donc dans une position relationnelle insoluble.

Il peut aussi se trouver dans une situation ambiguë par rapport à ses parents. Parfois, il peut comparer son père à un monstre face à sa mère impuissante, qui aurait besoin d’être secourue. D’autres fois, il considère que son père est extrêmement fort et que c’est sa mère qui est trop fragile, et l’enfant finit par se retourner contre elle.

Un risque de parentification

L’enfant exposé aux violences conjugales peut être amené à jouer le rôle d’un parent. La violence au sein du couple a effacé les rôles et responsabilités de chacun. L’enfant décide alors d’assumer seul ces responsabilités qui incombent en principe à son père et à sa mère. Il peut prendre en charge le reste de la fratrie, faire les courses, effectuer les tâches ménagères, soutenir ses parents, etc. Mais cette charge est trop lourde pour lui et inadaptée à son âge, ce qui concourt une nouvelle fois à l’anxiété. Parfois, la parentification de l’enfant entraîne l’effet inverse, car il a l’impression de prendre de l’importance au sein de la famille, d’être utile, ce qui l’aide à surmonter ses difficultés.

Des maltraitances qui s’ajoutent aux violences conjugales

Il est malheureusement courant que les enfants victimes de violences conjugales subissent d’autres maltraitances comme des agressions sexuelles, des coups, des violences psychologiques (dénigrement, humiliations, etc.). Si tel est le cas, son traumatisme sera d’autant plus grave.

Une reproduction de la violence dans leurs relations amoureuses

Arrivés à l’âge adulte, les garçons victimes de violences conjugales ont plus de risques de devenir eux-mêmes violents avec leur compagne, car ils n’ont eu que ce modèle parental. Leurs parents ne leur ont pas transmis le respect dans les relations intimes. Ils pensent donc que la violence est tolérable dans la relation entre un homme et une femme. Les filles exposées aux violences conjugales ont tendance à faire preuve de soumission lorsqu’elles se mettent en couple.

Malgré tout, si ces enfants sont pris en charge efficacement, ils peuvent tout à fait mener une vie de couple normale, c’est pourquoi il est important de mettre en place un accompagnement dès le signalement de ces violences.

 

Les traumatismes de l’enfant exposé aux violences conjugales diffèrent en fonction de l’âge des enfants, de leur caractère, de la durée des violences, mais aussi du soutien ou non de l’environnement familial. Le traumatisme est également plus important si l’enfant subit d’autres violences (abus sexuels, négligence, etc.) ou si les parents ont des troubles psychiques, et des addictions, par exemple. Ces violences conjugales sont majoritairement commises par des hommes. Toutefois, certains facteurs peuvent au contraire réduire les conséquences néfastes des violences conjugales. Par exemple, l’enfant peut tisser des liens avec des personnes de confiance, il parvient à développer une bonne estime de soi malgré le climat familial difficile, etc.

Il arrive souvent que les enfants exposés aux violences conjugales restent des victimes ignorées, soit parce que les parents minimisent l’impact que ce climat familial peut avoir sur eux, soit parce que les professionnels du secteur social et médico-social peinent à diagnostiquer un tel traumatisme.

 

C’est pourquoi, chez Epsilon Melia, nous avons mis en place des formations à destination de ces professionnels afin qu’ils puissent mieux prendre en considération les besoins particuliers des victimes de violences conjugales, qu’il s’agisse de l’enfant ou de sa mère, et leur offrir un accompagnement adéquat : 

Notre objectif est de faire en sorte que les professionnels ne soient pas démunis face aux situations traumatisantes vécues par les usagers victimes de violences intrafamiliales, et qu’ils adoptent la bonne posture pour parfaire leur prise en charge.

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