Phobie scolaire : définition, symptômes, que faire ?
La phobie scolaire, également appelée refus scolaire anxieux, se manifeste par une terrible angoisse ressentie par l’enfant ou l’adolescent à l’idée de se rendre en classe.
Tout élève peut en être victime, qu’il soit fille ou garçon, qu’il ait des difficultés ou non à l’école, et quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle des parents.
D’après une étude américaine, un quart des élèves seraient victimes de troubles anxieux liés à l’école. De plus, les élèves français font partie des plus angoissés au niveau mondial. Ces dernières années, ce phénomène tend à s’amplifier, et la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’exacerber une situation déjà bien préoccupante. Une nouvelle fois, la formation des professionnels du champ social et médico-social reste essentielle pour que l’accompagnement de ces jeunes en souffrance soit adapté à leurs besoins.
Qu’est-ce que la phobie scolaire ? Définition
Un élève atteint de phobie scolaire refuse de se rendre en classe parce que cela génère une très forte anxiété, qui le paralyse. Il ne s’agit pas d’un caprice, car le jeune est réellement dans l’incapacité de fréquenter son établissement. Si un enfant refuse de mettre ses chaussures avant d’aller à l’école, par exemple, cela peut être considéré comme tel. Dans le cas du refus scolaire anxieux, l’enfant ou l’adolescent se sent en danger.
Il ne faut pas croire non plus qu’un jeune qui ne veuille pas se rendre en classe soit victime d’un simple coup de mou, qui se résoudra tout seul.
Le refus anxieux apparaît souvent quand l’enfant entre à l’école élémentaire ou au collège. Ces périodes de transition amènent de gros changements, ce qui peut perturber le jeune. Mais il peut aussi concerner les lycéens, voire les étudiants.
Quelles sont les causes de la phobie scolaire ?
Il n’existe pas de cause unique au refus scolaire anxieux.
L’angoisse de séparation
Dans certains cas, la phobie scolaire peut être due à des angoisses de séparation qui refont surface. Cela peut faire suite au divorce des parents, à un deuil dans la famille, à une maladie, etc.
Une phobie sociale
Le jeune angoisse d’aller à l’école parce qu’il a peur du regard des autres, de se sentir humilié ou d’être victime de rejet de la part des autres élèves, par exemple. Il peut également être effrayé à l’idée de parler devant toute la classe ou de manger à la cantine au milieu d’autres enfants qui pourraient le juger. Parfois, l’élève est obnubilé par la réussite scolaire (peur de l’échec). Le manque de confiance en soi est caractéristique du refus scolaire anxieux.
Des facteurs environnementaux
Le harcèlement scolaire est une cause fréquente de refus scolaire anxieux. Une mésentente avec un enseignant peut également être source d’angoisse et déclencher une phobie scolaire. La pression subie par les élèves (avoir de bonnes notes, s’orienter vers les branches prestigieuses, etc.) ne fait qu’exacerber le phénomène.
La présence d’un trouble
L’élève peut présenter des troubles des apprentissages, un déficit de l’attention, être un haut potentiel, etc. S’il s’ennuie en classe, il ne voit pas l’intérêt de s’y rendre, et cela génère du stress.
Quels sont les symptômes de la phobie scolaire ?
Les signes sont si divers qu’il est très compliqué de déterminer s’il s’agit ou non d’une phobie scolaire. Ces symptômes varient également en fonction de l’âge et du caractère de l’élève. La souffrance est plus forte que la capacité de l’élève à y faire face.
Voici quelques indications qui permettent de savoir si une personne souffre de phobie scolaire :
Une angoisse qui se transforme en panique
Au début, ce sont de petites angoisses ou petites crises que les parents peuvent assimiler à un caprice (refus de s’habiller, envie d’aller aux toilettes avant de partir, etc.). Puis, petit à petit, le mal-être grandit au point que l’enfant fait des attaques de panique, qui peuvent se manifester par des crises d’agitation, de la violence, etc. Il est alors impossible de discuter avec lui, car sa peur est incontrôlable, il s’agit d’une obsession. Souvent, il est dans l’incapacité d’exprimer ce qu’il ressent, ce qui rend encore plus complexe la détection de cette phobie et sa prise en charge.
Même si l’enfant arrive à aller à l’école, ses parents sont parfois obligés de venir le récupérer, car il ne parvient pas à calmer son angoisse. On assimile la phobie scolaire à un stress post-traumatique, car l’élève est submergé par sa peur. Sa seule solution est de mettre en place une stratégie d’évitement.
Déroutés, les parents finissent parfois par céder, surtout si le jeune promet que son absence ne se renouvellera pas et qu’il retournera à l’école le lendemain. Cela permet de calmer la crise de panique. Mais le jour suivant, le scénario n’a pas changé.
Des maux physiques
Cette anxiété peut s’exprimer par des symptômes physiques tels que des maux de ventre, une envie de vomir, un mal de tête, des insomnies, sueurs, vertiges, palpitations, etc. Les plus jeunes sont particulièrement touchés par ces manifestations somatiques. Certains élèves vomissent même avant d’entrer dans l’établissement.
« Julie a de très grosses nausées, des maux de ventre, des difficultés à respirer, et ressent de l’épuisement à force d’enchaîner les crises d’angoisse. Il lui arrive de vomir dans la voiture en arrivant au collège. »
Généralement, les symptômes se dissipent le week-end ou pendant les vacances, ou tout du moins se réduisent. Mais ils réapparaissent dès qu’il faut retourner en cours.
Une peur spécifique qui est le signe d’un refus scolaire anxieux
Parfois, l’élève a une phobie distinctive comme la phobie de faire un malaise ou de vomir à l’école, la phobie d’aller à la cantine, etc. La peur est centrée sur un élément relatif à l’école, mais elle est le signe d’un problème global relatif à l’établissement scolaire.
« Léane a commencé à avoir la phobie de vomir à son entrée en classe de CM1. Dès qu’elle devait se rendre à l’école, elle angoissait à l’idée d’avoir des vomissements dans l’établissement. Au bout de quelques semaines, ses parents se sont rendu compte qu’elle était victime de harcèlement à l’école et que l’angoisse d’aller en classe se traduisait par cette peur de vomir. »
Un repli sur soi
Parfois, l’enfant se coupe de ses amis, de ses activités hors de l’école. Il s’isole, ce qui fait que ses idées noires tournent en boucle dans sa tête.
« Lors de sa phobie scolaire, Marine ressentait de la solitude, de l’incompréhension, de la détresse. Elle se renfermait sur elle-même, car elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et pourquoi. Elle avait l’impression que cela n’allait jamais s’arrêter et que personne ne pourrait la comprendre. »
Des symptômes parfois imperceptibles
Dans certains cas, un élève victime de souffrance scolaire ne montre pas de signes particuliers, car il se démène pour être à la hauteur malgré sa souffrance.
Quelles sont les conséquences de la phobie scolaire ?
Si la phobie scolaire n’est pas traitée, les conséquences peuvent être très graves pour le jeune.
La conséquence majeure : la déscolarisation
L’élève s’absente très souvent, puis n’arrive plus du tout à lutter. S’il n’est pas pris en charge à temps, cela aboutit à une déscolarisation. Celle-ci peut avoir des conséquences plus graves, car elle peut entraîner à son tour :
- un décrochage scolaire : même si l’école à la maison est mise en place suite à une phobie scolaire, le jeune a bien souvent du mal à suivre, et ses parents ne peuvent pas l’aider continuellement ;
- un isolement social, ce qui finit par le mettre totalement à l’écart de la société ;
- de la dépression ;
- un risque de phobie sociale à l’âge adulte, car il perd l’habitude de côtoyer les autres, ce qui renforce sa peur de sortir de chez lui.
Un déséquilibre familial
Quand les parents doivent se battre tous les jours pour essayer de garder leur jeune dans le cursus scolaire, l’angoisse au sein de la famille est importante. Bien souvent, la fratrie est elle aussi touchée, car les parents sont obligés de se concentrer sur l’enfant qui va mal. À cela s’ajoute la culpabilité de ne pas céder.
Mais quand les parents n’en peuvent plus et décident de garder leur enfant à la maison, l’équilibre de la famille n’est pas retrouvé pour autant : ils doivent s’organiser pour garder l’enfant, l’aider dans ses apprentissages. Cela est épuisant, et ils ne peuvent pas remplacer l’enseignant. Certains parents se sentent alors une nouvelle fois en échec.
À l’inverse, certains parents participent à la stratégie d’évitement de leur jeune, et le soutiennent dans ce choix.
Que faire en cas de phobie scolaire ?
La phobie scolaire doit être prise en charge le plus tôt possible afin que la guérison soit plus facile. Le traitement de la phobie diffère en fonction des situations de chaque élève.
Rechercher l’origine de l’angoisse
Comme nous l’avons évoqué précédemment, les causes peuvent être diverses. Il peut être nécessaire de faire réaliser un bilan auprès d’un pédopsychiatre ou d’un psychologue pour voir si l’élève présente des troubles de l’attention, un trouble du spectre de l’autisme, etc.
Aider les parents à déculpabiliser
Quand la situation dégénère chez le jeune, de nombreux parents culpabilisent de n’avoir pas vu la souffrance de l’enfant plus tôt, ou bien d’avoir associé les symptômes à un caprice. Sachant que la phobie scolaire est compliquée à détecter, il est facile de passer à côté, surtout si la famille méconnaît ce phénomène. C’est pourquoi les professionnels doivent rassurer les parents pour qu’ils puissent accompagner leur enfant avec plus de sérénité.
« Les parents de Léo ont tout fait pour l’aider à aller mieux, et l’ont poussé à continuer à aller en cours, car ils étaient conscients qu’il serait très compliqué de retourner au collège suite à une déscolarisation. C’était très difficile pour eux de le voir dans cet état. Mais parfois, Léo avait l’impression qu’ils ne comprenaient pas ce qu’il ressentait, qu’ils considéraient ses réactions comme de gros caprices, ce qui était difficile pour lui. Dans un premier temps, Léo leur en a voulu de refuser de le déscolariser. Mais aujourd’hui, il les remercie de ne pas l’avoir fait. »
Travailler en partenariat
Les parents, le personnel des écoles, des collèges et des lycées doivent collaborer et dialoguer pour faciliter le rétablissement de l’élève. L’enfant doit également passer avant l’élève, car c’est son bien-être qui doit être privilégié et non sa réussite scolaire. Les familles et intervenants doivent être sensibilisés à cet état de fait.
Il est important que les enseignants, la direction de l’établissement, le CPE, etc., sachent repérer les symptômes propres au refus anxieux. Parfois, les absences répétées ne sont pas le signe d’une phobie scolaire, mais révèlent des problèmes de délinquance, de désintérêt pour les études, etc. D’autres fois, les symptômes peuvent être minimisés, car les professionnels et les parents pensent que l’enfant a simplement peur de passer une évaluation, par exemple.
« La CPE a été très présente pour Camille. Elle l’accueillait dans son bureau pendant ses crises d’angoisse et lui a présenté une élève qui avait la même phobie, et qui avait réussi à la vaincre. »
Encourager les activités extrascolaires
Le jeune doit pouvoir continuer à retrouver ses amis sinon il risque d’être totalement isolé du reste de la société, ce qui accroîtra son malaise.
Favoriser un retour progressif en cours ou à l’école
Une pause dans la scolarisation est parfois nécessaire, car l’élève n’arrive plus du tout à se contrôler. Tous ces épisodes d’angoisses ne peuvent que l’affaiblir. Il est important de le faire comprendre aux parents tout comme il est primordial de les informer sur le fait que cette interruption ne doit pas s’éterniser. Il ne faut pas oublier que l’école est un lieu de socialisation.
En effet, il faut éviter que la phobie scolaire s’installe sur la durée, car elle sera de plus en plus difficile à gérer, et il sera encore plus compliqué de retourner à l’école ou en cours. L’enfant prend de mauvaises habitudes à la maison (plus de télévision, coucher plus tardif, etc.). Il perd le rythme et a moins de contraintes, ce qui le conforte à rester dans cette situation.
Souvent, les parents mettent en place des cours par correspondance. Même si cela soulage l’enfant ou l’ado à court terme, cette technique ne fait qu’aggraver les difficultés : les parents ne peuvent suivre continuellement leur enfant, et celui-ci est de plus en plus isolé. Ou bien certains parents changent leur enfant d’établissement en pensant que les problèmes se résoudront, mais bien souvent, ils refont surface si la cause du problème n’est pas traitée.
Malgré tout, le retour à l’école ne doit pas être brutal, il se fait petit à petit. Comme le jeune n’arrivera généralement pas à reprendre les cours tout de suite, il faut d’abord qu’il puisse reprendre confiance en lui, puis qu’il se réhabitue progressivement : il peut passer du temps avec le CPE, participer à quelques récréations, aux cours qu’il affectionne le plus, etc. Il faut le faire passer par des étapes qui lui soient accessibles et respecter son rythme de progression.
Le projet d’accueil individualisé (PAI), qui énonce les ajustements à apporter à la vie de l’enfant ou de l’adolescent en collectivité, peut faciliter le retour du jeune en milieu scolaire en prévoyant des adaptations selon son traitement thérapeutique.
Proposer un accompagnement psychologique
De nombreux types de thérapies existent pour aider l’enfant ou l’ado à affronter sa peur au lieu de la fuir, et à se relaxer.
Les thérapies classiques d’inspiration psychanalytique
Ces thérapies visent à comprendre les origines profondes du symptôme. Elles prennent généralement du temps. Elles peuvent être proposées par des psychothérapeutes, des pédopsychiatres, et des psychologues cliniciens.
Les thérapies brèves
L’hypnose ericksonienne, la thérapie systémique, la thérapie comportementale et cognitive, la PNL (programmation neurolinguistique), etc., se concentrent sur l’ici et maintenant. Cela signifie qu’elles s’intéressent au comment plutôt qu’au pourquoi (les causes du symptômes). Leur but est d’aider le patient à trouver la solution à son problème dans un laps de temps assez court afin qu’il puisse reprendre le cours normal de sa vie.
« Chloé a continué à aller en cours malgré ses angoisses. Quand celles-ci sont devenues ingérables, elle a consulté une hypnothérapeute, qui lui a permis de calmer son anxiété. Au bout de 3 ou 4 séances, elle a réussi à vaincre sa phobie scolaire. »
Il existe d’autres méthodes comme la sophrologie, la kinésiologie, etc.
Comment traiter la phobie scolaire grâce à l’approche systémique de Palo Alto ?
D’après l’approche systémique stratégique de Palo Alto, la phobie scolaire se maintient dans le présent du fait de tentatives de solutions inefficaces du jeune avec lui-même (l’élève avec son angoisse) ou avec les autres, c’est-à-dire dans ses interactions avec ses parents, les professionnels de l’éducation nationale, etc. En effet, l’élève met en place une stratégie d’évitement pour ne plus avoir peur, mais cela ne fait qu’aggraver la situation puisqu’il finit par avoir peur d’avoir peur, ce qui le tétanise. Il est important que le jeune comprenne qu’en acceptant de se confronter à son angoisse, il fait preuve de beaucoup de courage.
Le travail qui vise au changement, à savoir soulager l’enfant ou l’adolescent qui souffre, interviendra donc au niveau des relations entre les personnes concernées par le problème.
L’objectif est ainsi de travailler dans l’ici et maintenant, à l’inverse des thérapies classiques qui recherchent plus les origines de la souffrance, se réfèrent surtout au passé. Ici, il s’agit d’une thérapie brève qui vise à solutionner rapidement le problème pour que l’élève puisse retrouver un état de bien-être.
Par le biais d’un dialogue stratégique, le thérapeute peut comprendre la façon dont la peur liée à la phobie se déclenche, ce que ressent l’enfant ou l’ado, comment il interagit avec les autres à ce moment-là, etc. La phobie est irrationnelle, c’est notre cerveau qui la construit, donc s’attacher uniquement à comprendre pourquoi ne donne pas la solution pour guérir.
Pour cela, le jeune est très impliqué dans ce travail, car cette approche considère qu’il dispose de ressources pour trouver lui-même la solution. Le thérapeute l’aide à les mettre en lumière et à les utiliser.
Comment aider les professionnels du social et médico-social à parfaire leur accompagnement de jeunes souffrant de phobie scolaire ?
Nous l’avons vu, le refus scolaire anxieux est parfois difficile à détecter étant donné la pluralité des formes qu’il peut prendre. C’est pourquoi les professionnels doivent être solidement formés pour repérer les signes, et proposer une prise en charge adéquate aux enfants ou adolescents en souffrance scolaire.
Chez Epsilon Melia, nous avons conçu une formation continue spécifique à la phobie scolaire afin d’aider les intervenants du secteur social et médico-social à détecter les symptômes au plus vite pour permettre d’adapter au mieux leurs accompagnements. Ce programme a lieu sur deux jours, en intra ou inter.
Nous leur proposons également deux formations à l’approche systémique s’ils souhaitent traiter le refus scolaire anxieux selon cette méthode :
- Se former à l’approche systémique et stratégique ;
- Pour renouveler notre regard sur les personnes qu’on accompagne.
Notre organisme de formation accompagne les professionnels du social et médico-social depuis plus de 15 ans. Tous nos formateurs ont une solide expérience de terrain et proposent aux stagiaires des mises en situation lors de leurs interventions afin qu’ils soient immédiatement opérationnels. Si vous souhaitez des renseignements complémentaires concernant nos formations, n’hésitez pas à nous contacter.
Nous tenons à remercier Laurence Lesault, intervenante systémicienne, pour les informations précieuses qu’elle a pu nous fournir pour la rédaction de cet article.